La correspondance entre la fin de la première guerre mondiale et la figure de saint Martin de Tours, le 11 novembre, est remarquable. La coïncidence est troublante lorsque l’on sait que Martin est un nom latin qui trouve son origine dans le nom du dieu de la guerre, Mars. En outre, le père de Martin lui donna ce nom martial dans l’idée que son fils devait devenir un soldat de l’empereur romain. Or, Martin, très jeune attiré par le message du Christ, ne voulait pas devenir soldat mais moine. Martin fut donc soldat contre son gré, par obéissance pour son père. Martin abandonnera la carrière des armes dès qu’il pourra afin de devenir chrétien par le baptême.
Jésus nous dit : « Je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ». La paix à la manière du monde ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Pour le monde, la paix c’est d’abord la tranquillité. L’expression courante : « Fiche moi la paix » montre qu’il s’agit tout d’abord de ne pas être dérangé. Mais, j’en suis témoin, accueillir le Christ, c’est accepter d’être dérangé, d’être déplacé. La paix inamovible de celui qui ne veut pas bouger n’est pas la paix du Seigneur.
Pour le monde, la paix est l’absence de guerre. Certes, pourtant la vie est un combat, toujours et inévitablement. C’est ce combat qui nous révèle à nous-mêmes. Tout dépend des armes que l’on emploie. Il y a des armes qui tuent, qui blessent, qui humilient, qui bafouent. Et puis, il y a la seule arme que nous a donnée le Christ : l’amour. Oui, c’est l’amour qui nous donne la paix du Christ, la paix profonde, inaltérable malgré les épreuves. C’est l’arme la plus difficile à manier. Seul Jésus nous apprend à nous en servir. Il nous en a donné l’exemple : il s’agit de se donner jusqu’au bout.
Il est indispensable de faire « œuvre de mémoire ». La mémoire est une dimension de notre foi chrétienne et commémorer permet à l’Église d’évangéliser le temps en proposant une vision de l’histoire. La foi est donc un acte de mémoire qui a valeur de promesse et oriente notre futur. Un peuple sans mémoire est sans avenir. La mémoire est l’espérance du futur. Demandons donc au Seigneur la grâce de la mémoire !
Tout ce que nous faisons, a un retentissement universel, grâce à la communion des saints. La victoire de la paix commence chez nous, entre nous, en nous. Si domine en nous ce qui détruit, nous entretenons la guerre dans le monde. Si domine en nous ce qui construit, nous faisons la paix dans le monde. Pour saint Martin devenu moine et évêque, le plus haut service de la société a été celui de l’évangélisation. Le chemin de la paix, de la dignité et de la liberté, est surtout celui de la connaissance et de l’amour de Dieu, de la conversion des cœurs, de la sainteté.
Demandons à l’Esprit Saint d’oindre tout notre être de l’huile de sa miséricorde qui guérit les blessures des erreurs, des incompréhensions, des controverses ; demandons-lui de nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers exigeants, mais féconds, de la recherche de la paix !
Père Olivier DALMET